Alla francese
Les Pages du CMBV (solistes et choristes) : 25 enfants
Ensemble Pulcinella (Ophélie Gaillard, direction et violoncelle solo)
8 musiciens
Direction : Fabien Armengaud
Il est bien connu qu’au XVIIIe siècle, l’esprit français est complètement ébranlé par les myriades de musiciens, danseurs et acteurs venus d’Italie. On ne peut résister à leurs charmes, quitte à prendre position, débattre ou même se quereller.
De l’autre côté des Alpes, c’est autre chose. À défaut d’une invasion d’artistes français, l’hexagone exerce néanmoins une fascination indéniable. On pense notamment à Turin, en échange constant avec la France, au Cardinal Ottoboni, à Rome, mécène musical représentant des « intérêts français », ou à l’ambassade française à Venise, qui organisait fêtes et concerts dans ses jardins aux fontaines de vin sous l’archet d’Antonio Vivaldi. Pour ces Italiens péninsulaires, la France, est plus un concept, voire un fantasme qu’une réalité : bon goût, faste, mode vestimentaire, perruques et courbettes, sans oublier, certes, quelques tambourins. Aussi, en bons Italiens décomplexés, on n’hésite pas à s’emparer de cet imaginaire et à le pousser jusqu’à la caricature : le style alla francese, tout à fait unique.
En regard de cette oeuvre, et fidèle à sa mission de redécouverte du patrimoine musical, la partition du Stabat Mater de Quirino Gasparini, maître de chapelle de la cathédrale de Turin, est apparue comme une évidence car elle fut éditée à Paris en 1776. Écrite par un compositeur lui-même violoncelliste, il nous a semblé naturel de proposer à Ophélie Gaillard et son ensemble Pulcinella de faire résonner cette partition qui n’a rien à envier au célèbre Stabat Mater de Pergolèse.
Toujours curieuse de mettre en lumière des pièces méconnues, la violoncelliste poursuit ses recherches avec le CMBV autour du violoniste Michele Mascitti sans pour autant oublier Vivaldi (concerto et Gloria).
Mais, laissons la parole à Jean-Jacques Rousseau, qui, dans ses Confessions, à propos des Orphelines de la Pietà, nous rapporte : « Je n’ai l’idée de rien d’aussi voluptueux, d’aussi touchant que cette musique : les richesses de l’art, le goût exquis des chants, la beauté des voix, la justesse de l’exécution, tout dans ces délicieux concerts concourt à produire une impression qui n’est assurément pas du bon costume, mais dont je doute qu’aucun cœur d’homme soit à l’abri. »
Voici donc un programme musical montrant toute l’énergie de ces échanges transalpins qui, petit à petit, ont formé ces fameux « goût réunis ».